La production mondiale de vin dégringole en 2023 et le changement climatique n’y est pas pour rien

 La production mondiale de vin, perturbée par les conséquences du changement climatique, a reculé de 10 % en 2023. (Photo d’illustration à Wettolsheim, Haut-Rhin)
SEBASTIEN BOZON / AFP La production mondiale de vin, perturbée par les conséquences du changement climatique, a reculé de 10 % en 2023. (Photo d’illustration à Wettolsheim, Haut-Rhin)

ENVIRONNEMENT - Les cuves sont moins remplies. La production mondiale de vin, perturbée par des sécheresses, des vagues de chaleur, des incendies, du gel précoce ou des pluies favorisant inondations et maladies, a chuté de 10 % en 2023, tandis que la consommation a reculé de 3 %, a indiqué ce jeudi 25 avril l’Organisation internationale du vin.

Les vignerons du monde ont produit au total 237 millions d’hectolitres, leur plus faible vendange depuis 1961.

La France épargnée

La récolte a particulièrement souffert en Italie (-23 % à 38 millions d’hectolitres) et en Espagne (-21 % à 28 millions d’hectolitres) alors qu’elle a légèrement progressé en France (+4% à 48 millions d’hectolitres), permettant à l’Hexagone de devenir, de loin, le premier producteur de vin au monde.

Cette dégringolade est la conséquence directe de « conditions environnementales extrêmes » ayant touché aussi bien l’hémisphère nord que l’hémisphère sud, a indiqué le directeur de l’OIV, John Barker, devant des journalistes.

La récolte a ainsi chuté de 11 % au Chili, de 26 % en Australie et de 10 % en Afrique du Sud, les trois plus gros producteurs de l’hémisphère sud. Alors que les vendanges s’y terminent, la production dans cette zone devrait rebondir de 5 % en 2024, selon les premières estimations de l’OIV.

La consommation au plus bas depuis 1996

Du côté des buveurs, la consommation a reculé l’an dernier de 3 % à 221 millions d’hectolitres, son plus bas niveau depuis 1996, confirmant ainsi une tendance à la baisse depuis 2018 (avec un sursaut en 2021 dû à la levée des principales restrictions liées au Covid).

Cette tendance est en partie liée à l’inflation, qui a augmenté les coûts de production et donc les prix de la bouteille ou du cubi de vin, tout en réduisant le pouvoir d’achat des consommateurs. La consommation a aussi fortement baissé en Chine (-25 %), affectée par un ralentissement économique. Les Portugais, les Français et les Italiens sont, eux, par habitant, les plus gros consommateurs.

La moindre demande est également « motivée par les changements démographiques et de mode de vie », a reconnu John Barker. « Mais il est difficile de déterminer avec précision dans quelle mesure la récente baisse de la consommation est un reflet du marché à court ou à long terme », a-t-il ajouté.

« Le plus grand défi pour le secteur est le changement climatique »

La surface consacrée à des vignes, pour la production de vin ou de raisins de table, a pour sa part reculé pour la troisième année consécutive, de 0,5 % en 2023 à 7,2 millions d’hectares.

En France, où le gouvernement a subventionné des programmes de distillation et d’arrachage pour faire face à de la surproduction dans certaines régions, elle a baissé de 0,4 %. La surface a en revanche augmenté de 3 % en Inde, qui fait son entrée dans le top 10 des plus grands vignobles au monde.

La chute de la production en Italie - à son plus bas niveau depuis 1950 - ne devrait pas se traduire par un abandon massif d’hectares de vignes, selon John Barker. Entre des pluies favorisant l’apparition du mildiou dans les régions du centre et du sud, de la grêle et des inondations, le repli « a clairement été lié aux conditions météorologiques », et donc normalement momentané, a-t-il dit.

Les fléaux ayant touché la vigne cette année sont très disparates et l’influence du changement climatique n’est pas établie dans tous les cas de figure. Des phénomènes comme l’artificialisation de sols en Italie ont par exemple pu y aggraver les conséquences des pluies.

Reste que « le plus grand défi actuellement pour le secteur est le changement climatique », qui « affecte sévèrement la vigne, une plante pérenne souvent cultivée dans des zones vulnérables », a estimé John Barker.

À voir également sur Le HuffPost :

Scandale Nestlé : les eaux en bouteille vont-elles disparaître à cause de la pollution des sources ?

JO de Paris 2024 : à quoi va servir la station de dépollution des eaux pluviales de Champigny-sur-Marne